Que retenir du conseil du 4 Février ?

Guère d’enthousiasme pour ce premier conseil de l’année 2021, toujours en présentiel dans l’habituelle salle du conseil, les groupes d’opposition installés au balcon, à la place normalement occupée par le public. C’est donc à nouveau un conseil à huis clos. Lorsqu’un élu d’opposition s’étonne qu’une ville aussi connectée qu’Issy n’ait pas encore mis en œuvre de retransmission sur Internet du conseil, le premier adjoint répond qu’il y a quelques années, la retransmission par le câble a été supprimée à cause de son coût prohibitif. Il faut savoir que le conseil est filmé par les équipes de la ville et nous ne doutons pas qu’elles sont en capacité de basculer cet enregistrement sur Internet, si on leur en donne instruction. Le Collectif Ecolo&Social était bien arrivé, avec ses faibles moyens, à retransmettre en direct le débat avec William Dab sur la situation sanitaire, il y a un an !

Par contre, dans la rubrique « autocongratulations », le Maire s’est félicité qu’Issy-les-Moulineaux soit la ville associée au Challenge 5G Orange qui permet à des start-ups de tester de nouveaux services 5G en vraie grandeur. Il est clair que la ville n’est pas en territoire Amish ! Pourtant, un nombre significatif de grandes villes françaises ont décidé un moratoire sur le déploiement de cette technologie, tant que les études d’impact économique, sanitaire et environnemental n’auront pas été publiées et débattues. L’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) prévoit d’émettre le rapport de ses experts d’ici fin 2021 et elle note sur son site Internet « un manque important voire une absence de données relatives aux effets biologiques et sanitaires » de la 5G (mis en gras par l’ANSES). Les Isséens ne sont donc pas des Amish, mais ce sont actuellement les cobayes de la 5G. Leur a t-on demandé leur avis ?
Le sujet principal du conseil a été l’adoption du budget primitif 2021. voici ce que nous en avons retiré :
- Même si la Maire-Adjointe aux Finances considère qu’il y a un programme d’investissements ambitieux, les projets clairement identifiés se résument à la continuation de ce qui a été engagé précédemment (la Cité des Sports, l’école des Epinettes). Pour la première année d’une nouvelle mandature, on ressent surtout une aspiration de « business as usual ».
- Nous avons déploré que la transformation environnementale qui pourrait être le grand programme de la mandature (c’était un des axes forts du programme du Collectif Ecolo&Social mais nous avions crû comprendre que c’était aussi parmi ceux de l’équipe en place) se résume à une ligne budgétaire de 8M d’Euros par an, sous le vocable « Axes de vie », une sorte de provision dont le contenu est en cours de définition et sera présenté… lorsque les choix seront faits. On ne s’étonnera pas de l’absence de transparence, les commissions et conseils municipaux se résumant trop souvent à des chambres d’enregistrement où on laisse un temps d’expression contrôlé aux questions des oppositions. Peut-on parler de débat ? Mais sur ce sujet de la transformation environnementale, le changement à réaliser suppose une adhésion forte de la population. La municipalité peut se reposer sur l’évolution globale des mentalités ou elle peut décider d’en être une force motrice pro-active. Nous savons ce que nous aurions fait. L’équipe municipale en charge est-elle homogène sur ce sujet ? « On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens » disait le Cardinal de Retz. Attendons donc, en espérant que l’urgence climatique n’est pas trop urgente !
- Nous avons aussi déploré que la crise sanitaire de la Covid ne se traduise pas en un budget de mobilisation contre les impacts de ce virus. Nous apprécions et donnons acte aux équipes municipales pour les efforts déployés par tous, depuis maintenant près d’un an. Par contre, dans l’exercice budgétaire, il ne nous paraît pas correct de partir de l’hypothèse que les ressources de fonctionnement habituelles vont pouvoir continuer à absorber tous les impacts de cette crise. Beaucoup de canaux de soutien aux populations mises en difficulté et aux activités fragilisées sont en place, certes, mais leurs moyens budgétaires doivent être augmentés. De plus, cette crise crée des angles morts de la solidarité qui doivent être traités. En 2020 il a fallu s’adapter, mais en février 2021 on ne peut ignorer qu’un virus nous attaque.
- L’accent mis sur la maîtrise des dépenses est indispensable, s’agissant de notre argent commun. Par contre, la posture de la municipalité refusant tout recours à l’emprunt nous semble à la fois dogmatique et anachronique, vu le contexte de taux bas du marché bancaire actuel. Compte tenu de la situation de la ville, sans dégrader l’équilibre financier, il serait possible d’aller plus vite et plus loin sur les projets de la ville, comme le montrent les points précédents. « Ce n’est pas d’actualité », nous répond-on. Même dans le cadre d’une gestion « en bon père de famille », il est possible aujourd’hui d’augmenter notre patrimoine commun à moindre coût. Cela aurait de plus un effet de stimulation de l’activité appréciable.
Une autre délibération a réparti la somme de 15M d’Euros à des subventions aux associations. Ce montant peut paraître énorme, mais il faut prendre en compte le fait qu’une très grosse majorité de ce montant est en fait alloué à des associations « para-municipales » qui gèrent en fait des activités de service public par délégation. Le principal exemple est le CLAVIM, qui reçoit à lui seul plus de 9M d’Euros. Nous devons croire sur parole la majorité municipale sur la bonne gestion de ces organismes puisqu’elle n’a pas souhaité accorder un siège d’observateur à l’opposition. Pour les associations sportives, on note une grande disparité du montant alloué par pratiquant. Le cas particulier de l’escrime s’explique par le transit via la ville d’une aide du département à des pratiquants de haut niveau. Enfin, pour l’action sociale, nous avons regretté qu’un effort particulier « Covid » ne soit pas perceptible sur ce thème cette année. Le Maire-Adjoint en charge nous assure que les demandes émises par les associations ont été satisfaites. Nous allons nous employer à vérifier ce point.

Ce conseil a aussi été l’occasion d’adopter le premier budget climat. C’est un exercice innovant qui doit permettre de suivre l’évolution de l’émission de gaz à effet de serre (GES) sur la ville. Cette initiative a été saluée unanimement, que nous suivrons avec beaucoup d’attention. Intituler cela un budget, cela a certes un effet mobilisateur, dans un but de communication. Par contre, lorsque la ville s’engage dans son budget sur des dépenses et des recettes, elle maîtrise les deux termes de l’équation. Ici, la ville ne maîtrise que 3 % du volume. Donc, est-ce véritablement un engagement budgétaire dont on parle. Il nous semble que l’adoption de ce budget devrait se traduire selon 3 axes :
- La ville a un devoir d’exemplarité et la Maire-Adjointe a évoqué la focalisation des différentes équipes de la ville sur les préoccupations environnementales. Dont acte. Elle nous assure aussi la convergence des actions entre les différentes strates administratives (GPSO, la Métropole du Grand Paris). Nous attendons pour être convaincus, ayant surtout l’impression que cette multiplication des échelons entraîne une dilution des responsabilités.
- La mobilisation des principaux auteurs d’émission de GES, les particuliers, les entreprises et leur adhésion à cet engagement sur ce budget climat ne se décrète pas. Cela ne suppose pas seulement un plan de sensibilisation et de communication. Il est nécessaire de partager le mécanisme de mesure qui va permettre de suivre cet engagement. Aussi, des mesures contraignantes vont forcer ce changement. Par exemple, l’interdiction de louer une passoire thermique va entrer en vigueur en 2023. Sur ce type de point, la ville peut suivre le mouvement ou l’anticiper.
- Enfin, la ville a un rôle essentiel à jouer en mettant en place l’infrastructure qui va permettre aux autres acteurs de réduire leurs émissions. Dans le domaine des transports, le choix de modes de déplacement plus sobres suppose que la ville renforce l’offre de transports publics et mette en place des infrastructures pérennes et sécurisées de mobilités douces. Pour la rénovation thermique des bâtiments, au-delà des incitations financières, la ville et les acteurs publics ont un rôle à jouer dans le développement d’une offre de services professionnelle de haute qualité.
Enfin, pendant le Conseil, un élu de la majorité a pris la parole pour déclarer que le Collectif Ecolo&Social n’avait pas le monopole de l’écologie. Nous ne prétendons pas à cela. Nous avons même perçu, pendant la campagne électorale de l’an dernier, que beaucoup d’autres listes avaient repris nos trois thématiques, l’écologie, le social et la démocratie. Il reste maintenant à l’équipe victorieuse à passer des déclarations aux actes. Le même conseiller municipal, lors d’une commission, nous a critiqué, déplorant que « les sommes folles dépensées pour l’éolien ne soient pas dépensées pour le nucléaire », (!) lui-même, travaillant dans le domaine, sachant que la sécurité nucléaire en France est de haut niveau. Comme il n’est ni question d’installer un parc éolien à Issy, ni une centrale nucléaire, cela n’est pas vraiment un sujet municipal. Par contre, la posture du « sachant » qui détient la vérité n’entre pas dans notre vision de la démocratie participative à laquelle nous sommes attachés.
Parmi les points divers, une nouvelle école maternelle, en construction rue Aristide Briand, en remplacement de l’école Paul Bert, va prendre le nom de Sophie Scholl. Nous nous félicitons de ce choix, qui met en avant une jeune femme, membre du réseau « Rose Blanche » de résistance allemande au nazisme, exécutée en 1943, à l’âge de 22 ans. La ville de Weiden a aussi un établissement scolaire à son nom. Un lieu isséen de plus à honorer une femme, c’est bien, mais la parité dans nos dénominations de lieux publics reste toujours prévue pour l’année 2093 environ.
Nous avions interrogé la mairie à propos de la neutralisation des 2 places de stationnement handicapés aux Epinettes, à cause d’un chantier de rénovation d’immeubles, qui va durer jusqu’en novembre 2021. La mairie ne prévoit pas de mettre en place de solution de remplacement. Il y a 2 autres places handicapés situées rue d’Erevan.
Le dernier point évoqué lors de ce Conseil concerne les rixes entre bandes de jeunes qui se multiplient depuis peu. Après le lynchage du jeune Yuriy à Beaugrenelle, lors de bagarres entre des bandes de Paris 15e et de Vanves, il y a eu samedi dernier une rixe violente dans le quartier Sainte-Lucie entre des jeunes d’Issy et de Boulogne. Comme le Premier Adjoint l’a noté, ces deux lieux sont équipés de vidéo-surveillance, donc il ne faut pas se réfugier derrière des solutions miracle qui n’apportent rien en l’occurrence. Il nous semble effectivement préférable de privilégier la coopération avec la police nationale, les actions de prévention et le refus de la création d’une police municipale dont le financement pèserait significativement sur le budget de la ville.
Merci d’être parvenu jusqu’au bout de ce long compte-rendu ! L’équipe du Collectif Ecolo&Social et ses élus restent à votre écoute, sur ces sujets ou d’autres.