Position du Collectif Ecolo&Social, suite à la délibération du Conseil Municipal d’octobre 2020, remplaçant le fonds de dotation « Issy mécène » par « Issy Agir pour le climat » :
Précisons d’abord ce qu’est ce mécanisme de fonds de dotation : Il s’agit de collecter des financements auprès d’acteurs privés pour développer des projets d’intérêt général. Le précédent fonds « Issy mécène », défini sur un objectif très vague fin 2018, n’a pas obtenu d’engagement d’entreprises et est resté une coquille vide.
Évidemment nous nous réjouissons que la municipalité ait choisi de mettre l’accent sur la lutte contre les dérèglements climatiques comme colonne vertébrale pour mieux focaliser le domaine d’application de ce fonds de dotation. Il reste cependant quelques interrogations et une déception.
D’abord, le projet vise à « optimiser les externalités négatives de nos productions et consommations locales » et notamment à « éviter la congestions de nos infrastructures de transport ». Comme nous l’avons demandé en travail de commission, quand se décidera t-on à parler de l’écologie de façon positive ? L’objectif est louable. Alors n’y allons pas sur la défensive mais avec la volonté d’innover, par exemple en développant des infrastructures pérennes de mobilité douce.
S’agit-il donc de permettre à des entreprises de se donner une bonne conscience écologique ?
En 2020, de nombreuses villes ont investi dans la création ou l’extension de pistes cyclables. A Issy-les-Moulineaux aussi… avec quelques voies tracées vite fait à la peinture et une journée d’animation, « Fête des nouvelles mobilités ». Ce n’est pas rien, mais c’est encore très orienté sur l’image, plus que sur l’usage. Et c’est bien loin des véritables enjeux. Alors, oui, il est temps de mobiliser toutes les énergies, y compris des partenaires privés. Mais ayons l’ambition à la hauteur du défi que le changement climatique nous impose.
Une autre interrogation vient du fait que le seul domaine d’activité qui est explicitement cité dans le document constitutif du fonds est le BTP. Certes, les grands promoteurs immobiliers sont extrêmement présents sur la ville et ils peuvent contribuer, eux aussi, à la transformation écologique. Dans le domaine du bâtiment, comme nous l’avons aussi exprimé en commission, l’accent doit être d’abord sur la rénovation énergétique du parc existant. Et si ce fonds permettait à ces géants de la construction d’aider les acteurs de cette rénovation thermique ?
Par contre, il y a une forme de contradiction entre le souhait de lutter contre le changement climatique et une politique de densification urbaine et d’augmentation de la hauteur du bâti. Ce fonds est une très bonne idée s’il mobilise des acteurs qui y croient. S’il s’agit de s’acheter une bonne conscience pour faire de la comm’… Que dire si Lafarge souhaite participer, alors qu’on a appris, le mois dernier, qu’il déverse ses résidus polluants dans la Seine, à deux pas d’ici.
Enfin la déception est sur la désignation des 5 représentants de la ville au conseil d’administration de ce fonds. Ce sera donc le maire et quatre de ses adjoints. Sur un sujet de ce type, il aurait été bénéfique à la transparence de cet organisme de permettre au Collectif Ecolo&Social de participer. S’il s’agit de stimuler l’innovation et l’engagement de tous, il est souhaitable de permettre les échanges, par exemple dans la priorisation des projets les plus efficaces dans la réduction des émissions de CO2.

