Le premier conseil municipal de 2022, avec 19 délibérations seulement, a été expédié en guère plus de 2 heures. Visiblement, pour la majorité municipale, ces réunions n’ont que deux rôles : d’une part, être une chambre d’enregistrement pour la forme, les débats véritables se déroulant dans le huis-clos des bureaux du maire et de ses adjoints et, d’autre part, de fournir au maire une tribune pour son show traditionnel de moqueries et dénigrement systématique de chaque prise de parole des conseillers d’opposition. Très rares sont donc les opportunités de débattre sur le fond des questions municipales. Dommage pour la démocratie représentative, mais dommage surtout pour les isséens qui méritent mieux que ça.
Le principal sujet du conseil a été l’adoption du budget de l’année. La maire-adjointe nous avait habitué à des présentations de budgets beaucoup plus claires et précises que ce qui nous a été servi cette fois-ci ; consigne avait été donnée sans doute d’expédier la discussion au plus vite. La ville prévoit de recourir à un emprunt pour une enveloppe de 10 millions d’euros, induisant une charge financière de 27 000 euros. Le maire a t-il peur que cela effraie les isséens. Nous nous sommes trouvés un peu seuls à vouloir débattre sur le fond. Dans cette optique, pour avoir des réponses précises sur ces sujets techniques, nous avions pris la peine d’envoyer les questions en amont du conseil pour que les services concernés puissent y apporter réponse, espoir déçu.
Voici la position que le Collectif a exprimé en séance :
« Nous allons voter contre votre proposition de budget. Pour être très clairs, nous sommes très favorables à la construction d’une belle école aux Epinettes, à enrichir les infrastructures sportives disponibles pour les isséens et nous sommes favorables aussi au recours à l’emprunt pour accélérer nos projets. Mais nous ne sommes pas du tout d’accord sur la méthode. Tous les projets que vous concevez font la part belle à des partenaires privés (la SEMOP de la Cité des Sports, le stade Mimoun, l’hôtel de la Reine Pédauque). Même la politique culturelle de la ville semble se résumer, cette année, à l’installation d’un complexe UGC. Est-ce que votre slogan « Issy l’audacieuse » se résume à faire des coups de communication avec des promoteurs immobiliers ou des investisseurs ? Nous préférerions une ville « Issy l’ambitieuse », qui anticipe les transformations que va nous imposer le changement climatique, en particulier concernant les infrastructures, une ville qui innove pour permettre à toutes les classes sociales de se bien loger à Issy et qui investisse dans la culture pour tous. Si l’ambition d’Issy, c’était ça, cela donnerait un budget bien différent. »
Dans ses commentaires se voulant humoristiques, le Maire se flatte que Petrossian s’intéresse à venir installer une boutique à Issy pour que nos concitoyens puissent s’approvisionner en caviar près de chez eux. Il recherche aussi un chef étoilé pour un restaurant chic. Par contre, lorsqu’on l’interroge sur le relogement des habitants des immeubles du quartier Ste Lucie qui vont être rasés, il refuse de prononcer ces mots, très simples pourtant, que nous lui demandions et qui auraient dû être : « La ville s’engage à proposer le relogement de tous les habitants aux mêmes conditions de confort, de coût ET dans le quartier ou au moins sur la ville ». Au lieu de ça, nous avons eu droit à un long laïus dans le registre « Nous avons l’expérience » et « Nous étudierons chaque cas individuellement ». Nos craintes sont que, quartier par quartier, Issy devienne uniquement un ghetto pour ultra-riches. D’ores et déjà, les jeunes et les familles, même avec des revenus confortables, ne peuvent souvent plus rester à Issy-les-Moulineaux. Quelle ambition se donne-t-on pour la politique du logement ?

Concernant la transition écologique, le maire-adjoint en charge reconnaît de lui-même qu’il y a de très nombreux intervenants : la ville, GPSO, le département, la région, la Métropole du grand Paris. Chacun y va de son « plan vélo », « mobilités douces », etc. Et l’année 2022 va être consacrée pour coordonner ces différentes initiatives. En gros, beaucoup de plans de communication pour mettre en valeur chaque institution, mais personne ne pilote. Au mieux, on aura un jour quelques axes de circulation aménagés, en espérant qu’ils soient reliés les uns aux autres ! Et si on se posait la question de ce qui est en jeu ? A nouveau, où est l’ambition ?
Parmi les points divers, un des investissements de la ville concerne la reconstruction du complexe sportif Mimoun, qui se fait en partenariat avec une association de la communauté internationale arménienne. Nous avons demandé une présentation claire des investissements respectifs de la ville et du partenaire privé, sans obtenir de réponse, l’adjointe au maire essayant manifestement de noyer le poisson. Comment peut-on alors garantir que les intérêts respectifs, et légitimes, des contribuables isséens et de la communauté arménienne soient respectés ?
L’État organise une mise à jour du plan de prévention des risques d’inondations de la Seine, qui avait été établi en 2004. Les collectivités concernées sont consultées et il y a également une consultation du public, jusqu’au 18 février. Nous regrettons que la mairie n’ait pas jugée bon de relayer cette enquête sur les canaux de communication municipaux, site internet, réseaux sociaux… (informations disponibles au lien suivant : http://www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/modification-du-ppr-inondation-dans-les-hauts-de-a4580.html). Nous sommes très surpris que l’administration n’ait pas jugé utile d’effectuer une évaluation environnementale, alors que l’état des connaissances a beaucoup changé en 18 ans, la modification se bornant à des clarifications de définitions. Nous nous sommes abstenus, l’avis émis par la commune ne devant pas être interprété comme une approbation de cette décision surprenante.
Dans la revue des effectifs communaux, il nous a été demandé de valider le recrutement d’un contractuel pour occuper un emploi permanent de fonctionnaire. Le poste en question est celui de responsable de la vie associative. Cela ne nous paraît pas être un poste requérant des compétences de niche qui ne seraient pas disponibles dans le vivier des fonctionnaires territoriaux. A notre demande de limiter ce contrat à une durée très limitée, il nous a été répondu qu’il s’agissait d’un choix politique et que la ville avait la possibilité de recruter autant de contractuels qu’elle le voulait. Au moins, les choses sont claires et nous avons effectivement une divergence fondamentale avec la majorité municipale. Pour nous, sur des emplois stables comme celui-ci, il est préférable de l’attribuer à une personne pouvant l’investir sur le long terme. Nous regrettons l’approche dogmatique privilégiant la flexibilité de l’emploi. S’agissant d’un emploi permanent, comment espérer qu’un agent de la mairie s’épanouisse dans son poste et se projette dans l’avenir s’il reste dans une situation précaire et incertaine ?

Le prestataire de restauration scolaire va changer l’été prochain. Sur le papier, il y a pas mal d’engagements intéressants, notamment sur un bilan carbone annuel et sur la sensibilisation contre le gaspillage. Il s’agit maintenant de s’assurer que ces belles déclarations se traduisent dans les faits. Le prestataire s’est engagé à la neutralité carbone à l’horizon 2028 sans préciser comment il comptait y arriver. Il n’est pas simple de définir ce que cela recouvre en détail. Le nombre de repas végétariens augmentera en septembre 2024 et la présentation de viande de bœuf une semaine sur deux seulement se fera en septembre 2026. On voit qu’il s’agit d’évolutions qui prennent du temps.
Nous découvrons également une définition baroque du circuit court dans la restauration. En effet des denrées pouvant être produites de l’autre coté de la France, par exemple les clémentines corses, peuvent être, selon le fournisseur, être considérée comme provenant d’un circuit court.
Nous comptons sur les parents d’élèves pour nous faire des retours concernant ce changement de prestataire.
En parlant de restauration scolaire, il nous aussi a été demandé d’approuver un accord sur le service minimum et l’encadrement du droit de grève, conclu entre la mairie et les syndicats. Si la loi l’autorise, et que l’accord a été conclu avec les syndicats, nous regrettons cette atteinte supplémentaire au droit de grève et c’est pourquoi le Collectif Ecolo et Social s’est abstenu sur cette délibération.
Enfin, il convenait de choisir un nom pour le mail piétonnier qui va traverser la nouvelle ZAC Cœur de Ville. Une consultation avait été organisée et a reçu 300 réponses. Les personnalités le plus souvent citées ont été André Santini et Joséphine Baker, chacune avec une vingtaine de suffrages. La dénomination sur le thème du cœur de ville en a reçu 17. Nous avions proposé le nom d’une femme, Hedi Lamarr, s’étant distinguée dans le domaine des télécommunications, pour conserver trace du passage du CNET sur ce site.
La mairie n’a pas manqué de se féliciter de cette participation citoyenne à cette consultation. 300 participations à l’échelle de la ville, c’est dérisoire. Le sujet n’était pas d’importance certes mais pas de quoi se jeter des fleurs non plus.
Finalement le maire a choisi la dénomination « Promenade Cœur de ville », qui en plus de ne pas être la première proposition choisie par les Isséens, ni même la seconde, ne fait pas preuve d’une grande originalité. Il est dommage de constater que la mairie ne considère finalement la démocratie participative et la consultation citoyenne que comme un gadget.
Vos élu·es du Collectif Écolo et Social